Le Centre de Conférence Mahatma Gandhi au Niger, abrite du 19 au 20 juillet, les assises du 8ème Forum régional sur la régulation de l’Électricité de la Communauté Économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO). La cérémonie d’ouverture a été présidée par le ministre de l’Énergie, représentant le Premier Ministre Ouhoumoudou Mahamadou, en présence du Président de l’Autorité de régulation du secteur de l’Énergie au Niger (ARSE) M. Ibrahim Nomaou, du représentant du Président de la Commission de la CEDEAO, des députés nationaux, des membres du Gouvernement des Ambassadeurs et Représentants des institutions internationales, du Président de l’Autorité Régionale de Régulation de l’Électricité de la CEDEAO, du Secrétaire Général du Système d’Échange d’Énergie Électrique Ouest Africain, des Présidents des Autorités de Régulation du Secteur Électrique des États membres de la CEDEAO, des Directeurs Généraux des Sociétés d’Électricités des États membres de la CEDEAO, du Directeur général de la Nigérienne de l’Electricité (NIGELEC) et plusieurs cadres du secteur de l’énergie de la sous région.
Dans l’allocution qu’il a prononcée à cette occasion, le ministre de l’Énergie, représentant le Premier Ministre, a indiqué que « Le présent forum régional dont le thème est «< Construction de marchés de l’électricité compétitifs : Impératifs de régulation dans le contexte mondial actuel » se veut être un rendez-vous pour rappeler et évaluer la mise en œuvre de la politique d’intégration énergétique, telle qu’elle découle des articles 28 et 55 du Traité de la CEDEAO relativement à la promotion, la coopération, l’intégration et le développement des projets et secteurs des Etats membres de la Communauté ».
Ibrahim Yacouba a expliqué que « La disponibilité de l’énergie électrique ne constitue pas à elle seule la panacée à l’essor du développement économique et social d’un pays, mais on peut légitimement dire que l’approvisionnement en quantité et en qualité suffisantes en électricité est une condition nécessaire pour un développement économique et social. Les statistiques montrent que la consommation d’électricité est fortement corrélée avec la richesse et un faible accès aux services énergétiques modernes est également le reflet du niveau de pauvreté d’un pays. Même à l’échelle individuelle, il est à suffisance prouvé que le service de l’électricité semble être l’un des services les plus importants pour améliorer le bien-être social. Dans cette ère du numérique, il est vraiment difficile d’envisager le développement sans des services électriques adéquats ».
« Ainsi, a-t-il dit, la situation de disette énergétique qui prévalait dans la plupart de nos États et ce, malgré l’abondance des ressources énergétiques fossiles (uranium, pétrole, gaz naturel, charbon) et ressources renouvelables (hydroélectricité, solaire, éolien) encore très faiblement exploitées, a motivé notre organisation à affiner sa politique énergétique par la création d’un marché régional de l’électricité à travers la mise en œuvre du Système d’Echange d’Energie Electrique Ouest Africain (EEEOA), adopté en 1999 par Décision A/DEC.5/12/99 de la 22ème session de la Conférence des Chefs d’Etat et de Gouvernement de la CEDEAO. Cette décision résulte de la détermination des dirigeants politiques de la CEDEAO d’aborder la question du déficit d’énergie électrique en Afrique de l’Ouest par une mutualisation des ressources énergétiques et des capacités techniques de la région afin d’en partager la production d’électricité à travers une solidarité agissante entre Etats membres ».
Le ministre de l’Énergie a rappelé que « le Niger a très tôt fait foi et a été pionnier de la politique d’intégration énergétique en adoptant dès l’année 1972 un Accord de coopération dans la fourniture de l’énergie électrique avec la République sœur du Nigéria. A travers cet Accord, fut mis en service en 1976 la première ligne d’interconnexion à 132 Kilovolts entre Birnin Kébi (Nigéria) et Niamey. Ensuite s’en suivirent en 1994 la construction de la ligne d’interconnexion à 132 Kilovolts entre Katsina (Nigéria) et Gazaoua afin de desservir le centre-est du Niger, en 2005 la construction de la ligne à 33 Kilovolts entre Damasack (Nigéria) et Chétimari pour desservir l’Est du territoire du Niger. Cette intégration énergétique régionale se poursuit aujourd’hui avec la construction en cours de la dorsale Nord du West African Power Pool (WAPP), j’ai nommé l’interconnexion à 330 Kilovolts entre Birnin Kébi (Nigéria)-Bembéréké (Bénin) -Niamey (Niger) et Ouagadougou (Burkina Faso) ».
Selon le ministre de l’Énergie, « La construction d’un marché commun d’électricité proprement dit est cependant un processus long et complexe et celui de la CEDEAO s’est essentiellement basée sur une approche politique et transactionnelle. En effet, il fallait allier dès le départ le développement des interconnexions électriques à une dimension institutionnelle pour gérer efficacement les transactions entre les États membres. Cela s’est traduit par la création de deux institutions clés en charge du développement du marché régional de l’électricité, à savoir le Secrétariat Général du Système d’Echanges d’Energie Electrique Ouest Africain (SG/EEEOA) pour faciliter le développement des infrastructures et l’ARREC pour réguler le marché régional en gestation ».
Ibrahim Yacoubou a indiqué que « les assises du présent forum, qui se veulent être une plate-forme d’échanges des acteurs institutionnels et opérationnels du marché régional de l’électricité, vous permettra d’évaluer le chemin parcouru dans sa mise en œuvre, de capitaliser à travers les témoignages des parties prenantes les meilleures pratiques et les solutions politiques et réglementaires possibles, de réévaluer et relever les défis jonchant notre ambition à établir un marché régional de l’électricité ouvert, compétitif, attractif et concurrentiel ».
Quant au Président de l’ARSE, il a souligné que « le Niger, Etat membre de la CEDEAO, s’est engagé, depuis quelques années dans le processus pour sa participation au marché régional de l’Électricité dans lequel il a tout intérêt au regard des défis majeurs à relever dans le secteur électrique national, pour satisfaire les besoins des populations nigériennes en énergie électrique. Dans ce processus, l’Etat a fourni d’énormes efforts qui caractérisent sa volonté d’être partie prenante dans ce marché. Parmi ces efforts, on peut relever : la volonté politique affirmée avec comme vision à l’horizon 2035 de faire de l’électricité, un véritable moteur du développement durable grâce à l’accès universel à l’électricité et le Niger est un acteur majeur sur le Marché Régional de l’Electricité d’électricité à travers la valorisation de ses ressources énergétiques nationales >> ; une Stratégie Nationale d’Accès à l’Électricité qui met un accent particulier sur les objectifs politiques relatifs à l’accès à l’électricité; la réforme du secteur de l’électricité au Niger qui cadre parfaitement avec la politique nationale de développement du secteur électrique qui, elle-même découle de la politique régionale de l’énergie électrique adoptée par les Chefs d’Etat et de Gouvernement de la CEDEAO afin de garantir aux populations une énergie électrique accessible et abordable ».
Ibrahim Nomaou s’est réjouit de « la forte participation et de la qualité ainsi que la diversité des participants et des conférenciers qui augurent le 8ème Forum régional sur la régulation de l’électricité de l’ARREC, en espérant qu’il répondra aux différentes attentes et surtout, qu’il sera une occasion de plus pour permettre à toutes les parties prenantes de comprendre les processus et modalités d’ouverture des marchés nationaux à la concurrence et la nécessité d’assurer leur viabilité pour garantir leur attractivité aux investisseurs ».
Il a exprimé sa « ferme conviction par ailleurs, que les échanges seront denses et enrichissants pour tous, et y résulteront des recommandations pertinentes pour renforcer davantage la construction des marchés nationaux et du marché régional de l’électricité de l’espace CEDEAO. Aussi, nous souhaitons vivement que vous aurez l’occasion pendant votre séjour à Niamey, d’apprécier agréablement l’hospitalité légendaire de notre pays et son artisanat. Comme promis à Banjul l’an dernier, nous réitérons notre promesse de vous faire découvrir les dernières girafes de l’Afrique de l’Ouest.
Ibrahim Nomaou n’a pas manqué d’adresser ses sincères remerciements aux différent sponsors du forum, à savoir la SORAZ, la SONIBANK, CORIS Bank, ORIBA Gaz, BABATI Petroleum, la Compagnie Minière et Énergétique du Niger (CMEN), SIEMENS ENERGIES et enfin l’Agence Nigérienne d’Économie des Conférences (ANEC).
Dans le mot qu’il a écrit à l’occasion de ce forum, le Président de l’Autorité régionale de régulation de l’Electricité (ARREC), Me Kocou Laurent R. Tossou a indiqué que « il est évident que la construction d’un marché ne se décrète pas : elle se fait à travers un processus long et complexe. Depuis 15 ans déjà, l’ARREC, avec la participation des autorités nationales de régulation des États membres, s’active vigoureusement dans le processus de développement et d’encadrement des échanges transfrontaliers d’électricité entre les Etats membres de la CEDEAO, tout en étant consciente de son obligation de résultat face aux attentes de l’ensemble des acteurs du secteur électrique pour la réalisation de ce marché régional unifié, viable, ouvert, attractif et concurrentiel ».
Ce forum 2023 qui se tient après celui de Banjul l’année dernière, se tient lors de la quinzième année d’existence et d’activités de l’ARREC qui sera célébrée à travers une journée porte ouverte le 19 juillet 2023 sous le sous-thème « L’ARREC: 15 ans de construction du marché régional de l’électricité ». La deuxième journée du forum, le 20 juillet 2023, aura pour sous-thème le « Rôle des régulateurs dans l’établissement d’un marché ouvert et attractif ».
Le forum a été précédé d’une réunion des Comités Consultatifs des Opérateurs et des Régulateurs de l’ARREC les 17 et 18 juillet 2023 qui ont regroupé toutes les parties prenantes du Marché Régional de l’Electricité dans le cadre de l’élaboration et l’adoption des actes et décisions de l’ARREC.
Le huitième forum de régulation de l’ARREC devrait permettre de : Mieux comprendre et apprécier les impératifs de régulation dans la construction de marchés de l’électricité compétitifs ; Renforcer le rôle des institutions de la CEDEAO, y compris l’ARREC, en tant qu’acteur clé dans l’harmonisation des politiques et pratiques réglementaires nationales, et dans la promotion de la coopération, l’échange d’informations et la mise en commun de l’expertise régionale Échanger les expériences et meilleures pratiques des régulateurs nationaux dans l’élaboration de politiques et la conduite de réformes pour l’ouverture et attractivité des marchés ; Pérenniser l’espace d’échange et de dialogue entre les acteurs du marché de l’électricité, les opérateurs de l’industrie de l’électricité, ainsi que les bailleurs et investisseurs intervenant dans le secteur de l’énergie des Etats membres de la CEDEAO ; et Contribuer au renforcement des capacités des acteurs du marché régional de l’électricité à travers les enseignements tirés de ces échanges et partages d’expériences.
Garé Amadou