La Chambre de commerce d’industrie du Niger ( CCIN) a publié le 5 octobre dernier, une lettre à travers laquelle la structure faîtière des opérateurs économiques du Niger, appelle à la solidarité de ses membres afin de participer au soutien à une économie nationale. Une économie qui fait face à des difficultés titanesques suite aux sanctions de la communauté internationale décrétées au lendemain du putsch du 26 juillet dernier. Un appel qui dénote bien du désarroi et d’une absence de perspectives économiques rationnelles de la junte du CNSP, alors même que la majorité des fonctionnaires attendent le paiement de leur salaire du mois de septembre.
Dans cette lettre signée du président de la Chambre du Commerce et d’industrie du Niger, et qui a pour objet « Sensibilisation des Opérateurs Economiques à l’effort de Solidarité Nationale », il est annoncé « la mise en place d’un cadre visant à stimuler l’élan de solidarité nationale pour aider le gouvernement à faire face à certaines charges liées à la situation dont fait face notre pays depuis les évènements du 26 juillet 2023 ».
La CCIN qui se dit « Soucieuse de contribuer à cette initiative », annonce avoir ouvert un compte intitulé « CCIN/ EFFORT DE SOLIDARITE SECTEUR PRIVE » dans les livres de la SONIBANK » afin de « recueillir les contributions du secteur privé à l’effort de solidarité nationale ».
La CCIN demande aux opérateurs économiques « de bien vouloir sensibiliser les opérateurs économiques de vos circonscriptions consulaires respectives en vue de susciter leur participation active à cette noble initiative de solidarité nationale ».
Cette annonce traduit selon de nombreux observateurs, la concrétisation d’une sollicitation de la junte à l’endroit des opérateurs économiques en raison des difficultés de trésorerie sous lesquelles croulent le pays depuis le putsch du 26 juillet ayant entraîné des sanctions économiques drastiques contre le pays.
Et de l’avis de nombreux analystes, si la junte en arrive à solliciter voire à mendier la contribution des opérateurs économiques, c’est que les caisses de l’État sont vides. Le panier de la ménagère paye déjà le prix des sanctions économiques avec une hausse vertigineuse des prix des produits de première nécessité.
Selon certains économistes, cette posture dénote également d’une absence certaine de rationalité de la junte, quand on sait que les besoins de l’Etat sont astronomiques. Avec la fermeture des frontières, les recettes douanières se sont écroulées. Il ne reste pour l’État que de compter sur l’autre volet des recettes internes à savoir la collecte des impôts. Mais les recettes fiscales qui représentant 92,29% des recettes internes, sont en chute libre et ne suffisent pas à combler les besoins de l’État en terme de dépenses de fonctionnement et les salaires. D’où cet appel à la solidarité nationale. Mais cette solidarité peut-elle être permanente quand on sait que non seulement les opérateurs économiques, mais également l’ensemble du peuple nigérien souffre des effets des sanctions qui risquent de s’alourdir lors du prochain sommet de la CEDEAO.
La junte nationale semble être en perte de stratégie pour renflouer les caisses de l’État. La nomination d’un premier ministre économiste, ne semble avoir des conséquences positives, malgré ses visites en Guinée Conakry, en Guinée équatoriale et au Mali pour solliciter un appui de ces pays.
Cet appel à la cotisation nationale est-il me premier signal d’alarme d’une faillite prochaine de l’État du Niger dirigée par une junte militaire ? Beaucoup de nigériens commencent à le penser.
Abdou A.