« Notre objectif est d’améliorer la vie des Nigériens grâce à l’expérience positive de la Russie. Prendre le meilleur et l’adapter à notre réalité » souligne Ahmed Bello, Directeur de la Maison Russie au Niger.
Le 12 juin dernier s’est déroulée à Niamey, l’inauguration officielle de la Maison Russe Non étatique en présence de personnalités nigériennes issues de la société civile, des responsables d’institutions publiques, et des médias, et en présence de quelques personnalités russes. Cet évènement marque un nouveau tournant dans les relations entre le peuple russe et celui du Niger, dans un contexte international marqué par une certaine défiance des autorités nigériennes contre les pays occidentaux. Dans un entretien exclusif qu’il nous a accordé, le responsable de la Maison Russe Non Etatique, Mr Bello Issouf Ahmed, a expliqué de long en large les objectifs assignés à cette institution en attentant la construction d’une ambassade de Russie au Niger.
Le Canard Déchainé : Quel est l’objectif principal de ce centre ? A-t-il vocation à reproduire les missions qui étaient dévolues au CCFN ? Des cours de langue russe seront-ils proposés, à l’instar de ce qui a commencé à l’université de Niamey ?
Bello Issouf Ahmed : Le développement et renforcement des relations de partenariat sur une base mutuellement bénéfique. Notre objectif est d’améliorer la vie des Nigérians grâce à l’expérience positive de la Russie. Prendre le meilleur et l’adapter à notre réalité. Notre objectif n’est pas seulement de fournir une connaissance de la langue russe, mais aussi d’enseigner la langue familière qui est actuellement parlée en Russie dans les rues, dans les magasins, dans les lieux publics.
La Maison Russe proposera non seulement des cours de langue russe, mais aussi des cours d’adaptation pour nos étudiants et nos touristes, afin qu’ils puissent s’intégrer le plus rapidement possible dans la réalité russe. Comment voyager dans le métro. Comment utiliser les transports publics. Comment se comporter dans la rue, dans un magasin, etc. Fournir une connaissance minimale des lois de la Fédération de Russie.
LCD : Une maison « non-étatique » signale une certaine indépendance vis-à-vis des structures étatiques. D’où proviennent les financements ?
BIA : Nous avons conclu un accord avec l’organisme d’Etat «l’Agence fédérale pour la Communauté des États indépendants, les compatriotes vivant à l’étranger et la coopération internationale» et tous les projets de la Maison Russe sont communs. Lorsque la participation de la Russie est requise, la Russie participe. Lorsque la participation du Niger est requise, nous travaillons. Le terme «non gouvernemental» ne signifie pas ici «non officiel», mais «relations de partenariat».
LCD : Quelles seront les relations entre La maison de la Russie non-étatique et la future ambassade de Russie ?
BIA : Nous sommes déjà en contact avec l’ambassadeur russe Gromyko Igor Anatolievich et nous coopérerons à l’avenir.
LCD : En l’absence d’une ambassade au Niger, les candidats à l’obtention d’une bourse pour aller étudier en Russie peuvent-il s’adresser à vous pour obtenir des renseignements ?
BIA : Bien sûr. L’un des objectifs de notre maison est d’aider nos compatriotes qui s’intéressent à la Russie. Nous sommes prêts à aider tout le monde, à faire des recherches, mais il est évident que certaines choses sont plus faciles et plus correctes à faire par l’intermédiaire d’organismes officiels et de comités spécialisés.
LCD : Quels liens existeront-ils entre la maison de la Russie étatique (qui doit ouvrir prochainement) et la maison de la Russie non-étatique ?
BIA : Comme je l’ai déjà dit, nous sommes prêts à coopérer avec toutes les organisations et tous les militants à l’esprit positif, tant au Niger qu’en Russie.
LCD : La maison non-étatique aura-t-elle une mission uniquement culturelle ou vise-telle également à développer les relations commerciales entre la Russie et le Niger ?
BIA : Notre tâche est de créer et de développer des liens entre la Fédération de Russie et le Niger. Cela s’applique aux milieux d’affaires, aux médias, aux associations de jeunes et aux associations communautaires, principalement dans l’intérêt de notre patrie, et la Russie est prête à nous aider dans ces secteurs. La partie russe est ouverte à la coopération.
LCD : La maison de la Russie non étatique ne fait-elle pas double emploi avec des ONG comme « Ensemble main dans la main Niger Russie » qui a été très active à Niamey ces dernières semaines ?
BIA : Nous ne regarderons pas les autres, nous avons nos propres buts et objectifs et je les ai exprimés. Je pense que plus les gens s’unissent pour le développement du pays, mieux c’est. Les problèmes sont nombreux et il est plus facile de les résoudre ensemble.
LCD : Depuis quand avez-vous développé un intérêt pour la Russie et pourquoi ?
BIA : Depuis 2020, quand j’ai entendu le président de la Fédération de la Russie parler de l’Afrique, j’ai été soulagé d’entendre pour la première fois, une puissance mondiale parler des vrais problèmes de l’Afrique, avec une volonté puissante et sincère de soutenir l’Afrique pour se développer et se libérer du joug de l’impérialisme. C’est exactement là, que j’ai commencé à m’intéresser aux discours du président de la Fédération de la Russie et sa politique en Afrique. Après un temps d’écoute de ses discours et de recherche sur ses relations historiques avec l’Afrique, j’ai conclu que, la Russie est indispensable pour le développement de l’Afrique, alors j’ai commencé à défendre cette position, partout où je trouve l’occasion de prendre la parole et sur les réseaux sociaux. Aujourd’hui l’histoire m’a donné raison. L’Afrique n’a jamais eu un partenaire sincère et pragmatique comme la Russie.
LCD : Que devient le mouvement PARADE que vous dirigez ? pourrez-vous mener de front ces deux activités ?
BIA : Je suis le coordinateur de la communication dans PARADE, cette nouvelle activité ne peut porter entorse à la première.
LCD : La maison de la Russie non étatique a reçu Maxime Shugaley de la Fondation pour la Défense des Valeurs Nationales. Sur internet, cette fondation est signalée comme étant liée au Groupe Wagner. Ne craignez-vous que cela nuise à l’image culturelle de votre structure ?
BIA : Maxim Shugaley est venu au Niger pour étudier l’opinion publique. Puisqu’il est non seulement le président de la Fondation, mais aussi un sociologue, nous ne pouvions pas ignorer sa visite et naturellement nous l’avons invité à la plateforme de la Maison Russe pour souligner l’objet de sa visite, pour nous dire ce qu’il pense du développement du Niger et des relations entre la Russie et le Niger. Nous sommes prêts à offrir une plateforme à d’autres personnalités, pas seulement russes. Comme je l’ai déjà dit, nous sommes ouverts à la coopération avec tous ceux qui veulent aider et qui aident déjà à améliorer la vie au Niger.
LCD : La maison de la Russie non-étatique est-elle ouverte au public ? A quelle adresse se situe-t-elle dans Niamey ? Quel sont les horaires d’ouverture ?
BIA : Présentement la Maison Russe est en maintenance technique, le personnel est en train d’être sélectionné. Nous publierons des informations sur l’état de préparation à l’accueil des citoyens et sur les activités prévues sur notre canal Telegram, auquel vous pouvez déjà vous abonner. Vous pouvez également écrire aux administrateurs ou à moi personnellement sur les réseaux sociaux. https://t.me/MaisonRusseNiger
LCD : Une question personnelle. Quels sont aujourd’hui vos rapports avec votre collègue de TLP Mekoul Zodi, lequel a fait part de ses réserves vis-à-vis de l’influence russe au Niger ?
BIA : Nos rapports n’ont pas changé, nous sommes ce que nous avons toujours été.
Entretien réalisé par Garé Amadou