Les relations entre le groupe paramilitaire « privée » russe Wagner et l’armée de Russie engagé en Ukraine se sont détériorées ces derniers jours avec d’une part les critiques acerbes du patron de ces mercenaires Evgueni Progojine contre le commandement de l’armée russe, d’autres part les accusations portées contre l’Etat-major de Poutine qui refuseraient de lui donner les moyens militaires qu’il demande pour poursuivre l’offensive à Bakhmout. Cette guerre d’influence risquerait de porter un coup à l’efficacité du groupe engagé dans plusieurs théâtres de conflit à travers la planète, plus particulièrement sur le continent africain.
Evguéni Prigojine n’est pas allé de mains mortes pour accuser le haut commandement russe de trahison. Il avait affirmé que l’armée de son pays refuse de lui fournir des munitions alors même que ses hommes sont au charbon face aux militaires ukrainiens dans la ville stratégique de Bakhmout, dans l’est de l’Ukraine.
Selon toute vraisemblance, Prigojine dont les hommes ont obtenus ces dernières semaines d’importants succès militaires en Ukraine, ne serait pas vu d’un bon œil par l’état-major de l’armée russe qui le considère comme une menace à son honneur et à sa crédibilité. En effet, les succès militaires engagés par le groupe, au prix d’une hécatombe dans ses rangs ( les observateurs parlent de « chair à canons ») ont renforcé l’estime de Wagner au sein de l’opinion nationaliste russe.
Selon les dernières informations qui parviennent au niveau du front, les munitions demandées par Evgueni Progojine ont finalement été accordés par l’état-major russe qui ne s’est pas empressé de répondre favorablement à la demande.
Mais cet épisode est révélateur de la méfiance des autorités russes concernant l’influence croissante du groupe Wagner dans le monde. L’ancien cuisinier de Poutine a obtenu une réputation de dur à cuir pour s’être engagé dans des conflits sanglants à travers le monde. Le revers de la médaille, c’est de retrouver comme un personnage gênant dans la « Poutinosphère » au point d’éclipser l’image du dirigeant russe dont on affirme que Prigojine pourrait être le potentiel successeur en cas de disparition.
Mais l’autre conséquence de la méfiance de la hiérarchie militaire à l’endroit de Wagner, est une perte d’influence dans les pays dans lesquels le groupe est déployé aux cotés des armées régulières. On évoque évidemment le Mali, la Centrafrique, et d’autres pays du continent sur lesquels Wagner porte un œil intéressé. A suivre.
Garé Amadou