La loi électorale votée le vendredi 17 juin 2022 par les membres du parlement de transition malien (CNT) autorise les militaires membres de la junte au pouvoir à se présenter pour les postes électifs. Une première dans la sous région quand on sait qu’il est d’usage que les auteurs de putschs et leurs compagnons d’armes ne se présentent pas aux élections qu’ils préparent et organisent. Assimi Goita tord ainsi le cou aux usages en s’offrant un boulevard pour une présidence civile.
Les amendements fait par les membres du CNT à l’article 155 autorise tout militaire à prendre part aux prochaines élections, mais avec cependant des restrictions. Ainsi, selon cette disposition, ’’ tout membre des forces armées ou de sécurité qui désire être candidat aux fonctions de président de la République doit démissionner ou demander sa mise à la retraite au moins six 6 mois avant la fin du mandat en cours du président de la République». Si l’on peut comprendre cette disposition d’ordre général et intemporelle, on ne peut qu’être troublée par celle qui concerne les élections pendant la période de transition. Il est ainsi explicitement dit que les membres des forces armées ou de sécurité qui ont l’intention d’être candidats aux fonctions de président de la République, sont ténus de démissionner ou demander leur mise à la retraite au moins 04 mois avant la date de l’élection présidentielle marquant la fin de la transition. Une disposition taillée sur mesure pour Assimi Goita qui est pressé par son cercle de thuriféraires pour ne pas lâcher les brides du pouvoir à travers le maintien d’une transition longue. Mais face à la pression de la CEDEAO et les effets des sanctions qui commencent à se faire sentir, la « trouvaille » des putschistes est de permettre à Assimi Goita de se présenter à l’élection présidentielle. Le délai de 6 mois qui a été ramené à 4 mois, constitue la preuve évidente que la junte malienne compte avoir une mainmise sur la transition jusqu’à la fin de celle-ci.
Que l’on ne s’y trompe pas. La probable élection de Goita ou d’un autre membre de la junte à la prochaine élection présidentielle constitue un stratagème pour se protéger d’éventuelles poursuites au vu des multiples violations de droits de l’homme commises aussi bien par les FAMAs, que par les mercenaires du groupe militaire russe Wagner. Une sorte d’enfumage pour élire un faux- civil comme président, ce qui constitue en quelque sorte une poursuite du pouvoir militaire que la communauté internationale a toujours condamné.
Cette donne au niveau de la loi électorale, risque de peser lourd lors du prochain sommet extraordinaire de la CEDEAO prévu pour se tenir le 3 juillet prochain. Il n’est également pas évident que les partis politiques maliens acceptent cette situation sans réagir. Leur avenir politique en dépend.
Garé Amadou