La vague des coups d’Etat en Afrique de l’ouest qui a successivement renversé Alpha Condé, feu Ibrahim Boubacar Keita et tout récemment Roch Marc Christian Kaboré vient d’être stoppée en Guinée Bissau où des militaires lourdement armés ont violemment attaqué le palais du gouvernement pendant que le Président Umaru Sissoco Embalo s’y trouvait et présidait un conseil des ministres extraordinaire. C’est une issue plutôt heureuse malgré le nombre des morts dont on déplore dans le camp des républicains. « Il y a eu beaucoup des morts mais je vais bien. » « La situation est maitrisée. » Ce sont-là les propos du Président Emballo rapportés par Jeune Afrique quelques instants avant la conférence que celui-là a animée.
Tôt, ce mercredi matin, le Président Emballo, accompagné par le peuple de Guinée Bissau en liesse, a fait une rentrée triomphale à son domicile. Ce soutien populaire indique clairement l’aberration des coups d’Etat et montrent que les raisons qui les motivent, relèvent des ambitions personnelles des hommes assoiffés de pouvoir.
Les régimes militaires, la quasi-totalité des pays subsahariens en ont connus ; les ont rejetés et vomis au fil du temps parce qu’ils sont devenus des régimes autoritaires et dictatoriaux ; des régimes liberticides qui étouffent et écrasent les citoyens. Les séries des conférences nationales des années 90 en Afrique subsaharienne étaient principalement dues aux échecs des régimes militaires qui ont renversé les régimes démocratiquement nés après les indépendances.
Le Niger comme la plupart des pays au sud du Sahara ont connu des régimes militaires dictatoriaux. En dehors des privations de libertés, les régimes militaires ont contribué à exacerber notre retard dans les domaines, notamment celui de l’éducation où les autorités militaires ont bloqué la formation des cadres supérieurs. Nous n’allons pas laisser se reproduire le même pan de l’histoire parce que nous sommes conscients de ses tares, de l’arbitraire et de l’injustice qui le caractérisent. Seuls, dit-on, ceux qui ne connaissent pas leur histoire peuvent être condamnés à répéter les mêmes erreurs.
L’apologie des coups d’Etat dans l’espace Cedeao est l’œuvre des personnes qui ne connaissent pas l’histoire ou qui feignent de l’ignorer et d’une minorité tonitruante des perdants, des losers, des héritiers d’anciens régimes totalitaires qui éprouvent de sérieuses difficultés à s’adapter aux exigences et aux règles du jeu démocratique sain. Ils crient plus fort que la majorité de leurs concitoyens pour montrer que les menaces sécuritaires auxquelles sont exposés les pays du Sahel sont non seulement insurmontables par les régimes démocratiques mais qu’elles résultent surtout de la gouvernance de ces derniers. Les lignes de clivages n’ont pas changé ; les progressistes et ceux qui rêvent de ramener nos pays dans les ténèbres de la tyrannie. Les progressistes se battent pour avancer, consolider la culture démocratique et créer les conditions d’émergence de nos pays tandis que les réactionnaires, nostalgiques de l’Etat d’exception s’emploient à déconsolider notre fragile transition démocratique.
Nous devons continuer à nous battre par l’expansion des régimes démocratiques, leur consolidation, car, « La démocratie a ceci de particulier qu’elle n’est pas seulement un régime. Elle constitue aussi un idéal. Elle porte en son sein deux aspirations humaines immenses, la liberté et l’égalité. Elle implique des valeurs, promeut les droits de l’homme. Elle exige le pluralisme, la capacité de dialogue, la transparence, la publicité des opinions, la reconnaissance de chacun, la confrontation en même temps que l’association. Elle offre à chacun la promesse d’une existence sociale, celle de participer à la vie de la cité. »
Les lignes ci-dessous que j’ai empruntées à Holeindre et Héloïse résument la philosophie politique du Président Mohamed Bazoum, une philosophie politique qui consiste à écouter, fédérer, unir, servir, promouvoir la bonne gouvernance, mener une lutte implacable contre la corruption, l’impunité et tenir les promesses qu’il a faites aux Nigériens.
Nous savons que les ennemis de la démocratie, de l’Etat de droit, ceux-là qui font quotidiennement l’apologie des coups d’Etat ne vont pas baisser les bras. Ce qui compte pour eux c’est de prendre le pouvoir même s’ils doivent marcher sur les cadavres de leurs concitoyens. Ce qui s’est passé hier en Guinée Bissau en dit long.
Ils vont continuer à inonder les réseaux sociaux, les fadas, les salles les jeux et les gymnases, etc., par des fake news, des tas d’inepties, des histoires à dormir débout. Ils vont continuer à fabriquer et à vouloir imposer une vision tronquée de la réalité, à créer des récits fabuleux.
Ces ultralibéraux, soit disant panafricanistes, héritiers d’anciens dictateurs, continuent à faire la cour assidue à cette minorité compacte des putschistes sur laquelle ils reposent leur espoir de revenir au pouvoir. En attendant, ils sont prêts à bruler ce pays qu’ils prétendent adorer.
Tahirou Garka