Depuis quelques jours, est projeté à travers le monde un film pour le moins singulier. Il s’agit de Woman King de Gina Prince-Bythewood qui retrace un pan de l’histoire de ces guerrières du Dahomey qui ont marqué de leurs empreintes l’histoire de ce pays.
Il faut dire que ce film dans lequel l’actrice américaine Viola Davis joue le rôle de la cheffe de guerre, connait un franc succès outre atlantique. Un succès du probablement au caractère pittoresque de l’histoire qui surfe quelque peu sur le succès mondial du film Black Panther dans lequel lesdites guerrières sont librement représentées.
Les Minos ou Agojies, ces amazones du Dahomey, sont un ancien régiment militaire entièrement féminin du Royaume Fon du Dahomey (actuel Bénin) qui a existé jusqu’à la fin du xixe siècle. Elles sont surnommées ainsi par les colons occidentaux et les historiens à cause de leurs similitudes avec les mythiques Amazones de l’ancienne Anatolie (Grèce antique).
Selon l’encyclopédie libre Wikipedia, le roi Aho Houegbadja (qui gouverne de 1645 à 1685), troisième roi du Dahomey, est censé être à l’origine de la création du groupe qui devient ensuite les Minos, un corps de chasseurs d’éléphant appelé gbeto. Durant le xviiie siècle, le roi entraîne certaines de ces femmes à devenir gardes du corps.
La reine Tasi Hangbè (ou Nan Hangbe), sœur jumelle d’Houessou Akaba, règne sur le royaume du Dahomey de 1708 à 1711 après la mort soudaine d’Akaba en 1708. Elle est la vraie créatrice du corps des Mino du Dahomey, comme régiment combattant, intégré aux armées professionnelles du royaume.
On apprend que lors d’une campagne contre les voisins Ouéménou du royaume, elle prend la tête de l’armée, travestie – pour galvaniser ses troupes – à l’image de son frère jumeau défunt, Akaba. Elle a été largement effacée de l’histoire officielle du Dahomey, sous le roi Agadja son successeur, dont les partisans obligent la reine à abdiquer. Le fils de Houegbadja, Agadja (roi de 1708 à 1732), développe le groupe de femmes gardes du corps en une milice et les utilise avec succès pour vaincre le Royaume Houéda en 1727.
Les marchands européens notent leur présence ainsi que celle d’autres femmes guerrières parmi les Ashantis. Durant les années suivantes, les guerrières acquièrent une réputation de combattantes sans peur. Elles combattent rarement, mais avec vaillance.
Le groupe de femmes guerrières est appelé Mino (Mi-No), ce qui signifie « nos mères » en langue fon, par l’armée masculine du Dahomey. À l’époque du roi Ghézo (qui gouverne de 1818 à 1858), le Dahomey se militarise de plus en plus. Ghézo donne une grande importance à l’armée, augmente son budget et améliore sa structure. Les Mino sont entraînées, obtiennent des uniformes et sont équipées avec des fusils danois (obtenus via le commerce des esclaves). À cette époque, les Mino sont entre 4 000 et 6 000 femmes et représentent environ le tiers de l’armée du Dahomey. Cette participation des Minos à la traite négrière n’a du reste pas été éludée par la réalisatrice du film, au nom d’un souci de vérité historique.
Le succès de ce film qui est actuellement dans les salles de cinéma en France, dans la lignée du triomphe mondial de Black Panther de Ryan Coogler, va apporter du beaume au cœur des africains, et accentuer l’attrait aux histoires africaines à un Hollywood plutôt conservateur. Merci donc à Black Panther dont le tournage du deuxième volet est pratiquement achevé. La sortie est prévue pour le 11 novembre 2022 aux Etats-Unis.