Les sanctions économiques prises par la communauté internationales contre le Niger suite au putsch du 26 juillet 2023, commencent à produire leurs effets. En effet la population nigérienne ne sait plus à quel saint se vouer face à la flambée vertigineuse des prix des produits de première nécessité. Une grogne commence à être perceptible au niveau des soutiens des putschistes qui semblent gagnés par le désespoir et les perspectives économiques sombres qui s’annoncent pour le pays.
Pour illustrer cette flambée des prix, il suffit juste de s’intéresser à la principale denrée alimentaire quotidienne des nigeriens à savoir le riz. Avant les événements du 26 juillet, le sac de riz de 25 kg tournait autour de 10 000 fcfa. Aujourd’hui, à cause de la fermetures des frontières, les commerçants n’arrivent plus à importer cette denrée si chère aux consommateurs nigeriens. Les grossistes sont contraints de puiser dans les stocks déjà existant pour les vendre aux détaillants. Conséquence, les prix ne cessent de grimper. Aujourd’hui, le sac de riz de 25 kilos se vend autour de 17 000 francs CFA. Et là on parle de la qualité la plus accessible aux consommateurs nigériens, étant entendu qu’il y’ a plusieurs qualités de riz dont les prix varient de 10 000 à plus.
Un opérateur économique importateur de riz Issaka Idrissa dit Larabou a initié une vente du sac de riz de 25 kilos à 12 500 Fcfa. Une file de consommateurs s’est ruée vers ses magasins pour s’approvisionner en raison d’un sac par personne. Une mesure bien temporaire étant donné que les stocks existants vont arriver à épuisement.
Tous les autres produits de consommation connaissent également une montée en flèche des prix. C’est le cas de l’huile dont le bidon de 5 litres était à 5500 fcfa, est aujourd’hui aux environs de 9000 francs dans certains magasins d’alimentation. Quant au bidon de 25 litres qui était à 22 000 francs, il s’achète aujourd’hui à 30 000 francs cfa.
Les prix de ces deux produits sont emblématiques de la situation générale des prix sur les marchés qui connaissent une hausse insupportable pour les consommateurs.
La grogne commence à se faire entendre au niveau des nigériens, et plus étonnement du coté des « patriotes » qui avaient pourtant dit pouvoir supporter toutes les rudesse économiques consécutives au sanctions décidées par la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest ( CEDEAO) suite à l’irruption des hommes en treillis sur la scène politique. Les audios dénonçant l’incapacité du CNSP à régler les prix se font entendre, oubliant que le commerce obéit à la sacro-sainte loi du marché matérialisée par l’offre et la demande.
Des structures civiles soutenant le CNSP ont tenté de mettre en place des Comités de contrôle et de sensibilisation des commerçants sur la nécessité selon eux de participer au soutien à la transition à travers une réduction des prix. Une façon de dire aux commerçants d’accepter des pertes au nom de l’intérêt national. Échec et mat. Led commerçants ont adressé une cinglante fin de non recevoir à ses comités qui ont sillonné les différents marchés de la capitale.
Certains supporters du régime commence à critiquer la gestion actuelle en raison de la détérioration de la situation économique.
À ce mécontentement des consommateurs vient s’ajouter à un certain début d’exaspération au niveau des agents de l’État. En effet, selon certaines sources, depuis le 26 juillet, la priorité dans le paiement des salaires est donnée au personnel militaire. Pour les besoin des préparatifs de la rentrée scolaire, les enseignants contractuels qui étaient auparavant les derniers à être payés, sont cette fois-ci logés à la meilleure enseigne. Ils ont perçu leurs pécule avant les salaires des fonctionnaires civils. Pour ces derniers, des fonctionnaires affirment que le paiement a commencé au niveau des banques ayant le moins d’agents de l’Etat comme clients, plus particulièrement les banques nationales et celles n’etant pas liées à l’espace CEDEAO à savoir, SONIBANK (Niger), BAGRI ( Niger), BSIC ( Libye) , CBAO ( Maroc). Fonctionnaires dont les salaires sont domiciliés dans les autres banques régionales sont toujours dans l’attente. Du reste, on apprend que toutes ces banques auraient préfinancé les salaires comme ce fut le cas le mois précédent.
Cette grogne montante pourrait entraîner des manifestations de protestations contre la vie chère qui seront difficiles à gérer pour la junte au pouvoir qui fait déjà face à des grosses difficultés financières. Une grogne qui pourrait aboutir à une répression, et créer ainsi un climat de révolte contre le CNSP. Un scénario catastrophe pour une junte qui n’a jusqu’à présent pas réussi à véritablement asseoir son pouvoir.
Magloire Hounon P.