L’association nigérienne de lutte contre la corruption, section nigérienne de Transparency International ( ANLC/TI), a rendu publique hier, une déclaration suite aux récentes libérations de certains prisonniers politiques et militaires au Niger. L’ANLC/TI, exige la libération de tous les détenus politiques et d’opinion afin d’amorcer une réelle décrispation dans le pays. Voici l’intégralité du communiqué.
COMMUNIQUÉ DE PRESSE N 005/25/TI-Niger
Appel à :
– La Libération de Mohamed Bazoum et son épouse, de Hamadou Adamou Souley, de Moussa Tchangari, de M. Allassane Intinicar et des autres détenus politiques et d’opinion.
– Affirmation d’une volonté sans faille tendant à réconcilier les Nigériens et à assoir un Etat de droit véritable.
L’Association Nigérienne de Lutte contre la Corruption, section de Transparency International, exige la libération immédiate de Mohamed Bazoum, de son épouse Hadiza Ben Mabrouk, de l’ancien Ministre de l’Intérieur Hamadou Adamou Souley, de l’acteur de la société civile Moussa Tchangari, de M. Allassane Intinicar, et de tous les détenus politiques et d’opinion. Ces personnalités sont détenues pour des raisons injustes et leur détention prolongée est inacceptable.
Le Groupe de travail des Nations Unies sur la détention arbitraire a conclu que « le Président démocratiquement élu du Niger et de son épouse Hadiza sont détenus de manière arbitraire en violation du droit International. Le Groupe de travail exige des autorités militaires nigériennes, qu’elles les libèrent immédiatement. »
A l’ouverture du 38e sommet ordinaire de l’Union Africaine à Addis-Abeba, le Président de la Commission de l’Union Africaine Moussa Faki Mahamat a demandé « la libération du Président Mohamed Bazoum » qu’il a qualifié de « grand prisonnier du Sahel dont rien ne peut justifier la détention interminable. »
La Cour de Justice de la CEDEAO a par décision en date du 15 décembre 2023 ordonné la libération de Mohamed Bazoum et sa famille. Elle a conclu qu’il était détenu arbitrairement.
Amnesty International a documenté des violations des droits humains notamment des détentions arbitraires, des dispositions forcées, violation des droits des détenus et violation du droit à un procès équitable et de la liberté de la Presse. « Parmi les victimes de la détention arbitraire figurent l’ancien Président Mohamed Bazoum, son épouse, sept membres du gouvernement du régime déchu, des journalistes et des défenseurs des droits humains », a déclaré l’ONG en 2024.
Le 26 juillet 2023, le Ministre Hamadou Adamou Souley a été arrêté parce qu’il assurait l’intérim du Ministre de la Défense Nationale, même si ce dernier est rentré par la suite à Niamey sans être inquiété, Hamadou continue toujours de garder prison et est victime de la discriminions dans la libération des prisonniers politique.
Moussa Tchangari, Journaliste et Défenseur des Droits Humains est également détenu arbitrairement à prison de Fillingué à 180 km de Niamey. Nous demandons sa libération immédiate et sans condition. Il faut rappeler qu’Amnesty International, Human Right Wach, Transparency International, l’Organisation Mondiale Contre la Torture (OMCT) et plusieurs organisations nationales et internationales de défense de droits de l’Homme ont déjà demandé sa libération. Il n’y a aucune raison que Moussa Tchangari soit maintenu en détention. Moussa ne sert que la cause des droits humains et l’intérêt général des citoyens nigériens sans discrimination, depuis la conférence nationale souveraine de 1991.
La détention arbitraire de toutes ces personnes constitue une violation flagrante des droits de l’homme et une entrave aux efforts de réconciliation et de paix dans notre pays. La Déclaration Universelle des Droits de l’Homme dispose en son article 9 « Nul ne peut être arbitrairement arrêté, détenu ou exilé ». « Tout individu a droit à la liberté et à la sécurité de sa personne. Nul ne peut faire l’objet d’une arrestation ou d’une détention arbitraire. Nul ne peut être privé de sa liberté, si ce n’est pour des motifs, et conformément à la procédure prévus par la loi. » Article 9 du Pacte International relatif aux Droits Civils et Politiques. Aussi la Charte Africaine des Droits de l’Homme et des Peuple ajoute-elle : « Tout individu a droit à la liberté et à la sécurité de se personne. Nul ne peut être privé de sa liberté sauf pour des motifs et dans des conditions préalablement déterminés par la loi, en particulier nul ne peut être arrêté ou détenu arbitrairement. » Article 6. Nous ne pouvons accepter que des personnes soient retenues en otage pour des motifs politiques. En vertu du Droit International des Droits de l’Homme, la libération de ces détenus est une condition fondamentale pour restaurer la confiance et la stabilité au Niger.
Nous saluons les efforts continus de la communauté internationale pour soutenir l’appel à la libération de Mohamed Bazoum et de tous les détenus politiques et d’opinion. Leur engagement en faveur des droits de l’homme et de la justice est essentiel pour restaurer la paix et la stabilité au Niger. Nous remercions particulièrement les organisations internationales et les gouvernements étrangers qui ont exprimé leur solidarité et leur soutien dans cette affaire.
Nous exhortons les autorités militaires à agir immédiatement pour annuler l’apatridie, en revoquant les différents décrets pris pour déchoir certains nigériens de leurs nationalités. En rappel, le Niger a ratifié la Convention des Nations Unies sur la réduction des cas d’apatridie qui dispose en son article 8-1 : « les Etats contractants ne priveront de leur nationalité aucun individu si cette privation doit le rendre apatride ». Enfin nous appelons les autorités à marquer un engagement ferme dans la lutte contre la corruption, la protection de l’espace civique et la promotion de la bonne gouvernance en combattant l’impunité dans la mauvaise gestion des biens publics et en abrogeant les ordonnances n°2024-05 du 23 février 2024 portant dérogation à la législation sur les marchés publics, aux impôts, taxes et redevances et à la comptabilité publiques qui viole les directives de l’UEMOA, l’ordonnance n°2024-28 du 7 juin 2024 modifiant la loi n°2019-33 du 03 juillet 2019 portant repression de la Cybercriminalité au Niger, l’ordonnance n°2024-43 du 27 aout 2024 instituant un fichier des personnes, groupes de personnes ou entités impliqués dans les actes terroristes et/ou dans toutes autres infractions portant atteintes aux intérêts stratégiques et/ou fondamentaux de la nation ou de nature à troubler gravement la tranquillité et la sécurité publiques et fixant les modalités d’inscription et de retrait ainsi que les effets y relatif.
Il est temps de mettre fin à toutes ces injustices et de travailler ensemble dans la communion des cœurs et des esprits pour un avenir meilleur et plus juste qui garantit les droits tous les Nigériens.
Fait à Niamey, le 8 avril 2025
Pour le CEN/ANLC/TI
Le Président
Maman WADA