Apres une campagne de cultures irriguées exceptionnelle découlant d’une abondante pluviométrie enregistrée en 2024, avec 528,75mm en 35 jours de pluie à Emalawlé-Bagzam, l’Aïr le plus vaste, aride et résilient espace de notre pays le Niger voit, partout dans ses terroirs d’altitude et de vallées, s’activer les opérations de récoltes des céréales telles que le blé, l’orge et pour les cultures maraichères : l’ail et les bulbes et semences de l’oignon.
Parallèlement, la préparation de la prochaine campagne agricole s’amorce avec le retour des caravanes « aero » du Sud depuis le Nigeria voisin.
Et comme de coutume, les terroirs agricoles de l’Aïr s’animent, en ces mois d’avril et mai d’activités agricoles comme la récolte du blé et de l’orge, des bulbes et des semences d’oignon, de l’ail et d’autres produits des terroirs qui vont s’intégrer très vite dans les transactions habituelles de leur commercialisation en circuit court comme en circuit long.
C’est bien connu, certains terroirs avec leurs communautés sont des terres de production agricole et pastorale qui alimentent les circuits de commercialisation séculaires intra-sahariens et sahélo-soudaniens.
En effet, avec son agriculture irriguée, l’Aïr pourvoit des denrées alimentaires aux contrées proches et lointaines. Au plan national, les producteurs d’Agadez écoulent leurs productions dans les gros centres de la région, les premiers à être ravitaillés, puis les autres centres du Niger, traditionnels comme nouveaux.
C’est ainsi que depuis plus de 10 ans, Niamey est approvisionné en produits maraîchers de la région d’Agadez sur plus d’un mois par an.
Pour les autres destinations nationales et à l’étranger, c’est plutôt les produits céréaliers et d’autres produits secs, comme le blé, l’orge, les cultures condimentaires et alimentaires qui sont écoulés grâce aux mêmes modes et moyens que représentent les caravanes, dont on imagine délaissées au profit des véhicules de transport.
Pour cette année 2025, les exploitants agricoles ont fait de belles moissons. La production du blé, en particulier, a été bonne partout dans l’Air. Les opérations de récolte ont démarré depuis la seconde décade de mars dans toutes les vallées, pour éviter la chaleur d’avril, nous expliquent les exploitants de Tabelot, tandis que sur les massifs du Bagzam. (Voir photos), la récolte a débuté en mi-avril.
Dans les vallées ou sur les massifs, la récolte du blé et d’autres céréales cultivées commence par l’opération de coupe et la formation des bottes, suivie de l’entreposage et le séchage complet des épis et des graines autour de 14 à 15% d’humidité dans les graines. Ce qui demande un entreposage plus ou moins de 2 semaines.
Par la suite, l’opération de battage intervient, le plus souvent manuellement puis le vannage aussi manuel et enfin la mise en sacs des céréales pour le stockage.
Toutes les opérations de récolte sont effectuées, à la fois, par les hommes et les femmes. Sur certains travaux, les femmes sont majoritaires et plus polyvalentes.
Évidement, pour cette année 2025 la campagne a été bonne, selon les informations recueillies.Deja, la bonne récolte de cette année a poussé certains spéculateurs à faire des avances dans l’achat du blé auprès des jardiniers (producteurs), comme on les appelle communément
Pour éviter le bradage, des séances de sensibilisation des producteurs de blé ont eu lieu dans les lieux de culte et sur certaines plateformes sociales pour que des intermédiaires spéculateurs ne viennent acheter le blé à vil prix et le revendre ensuite. Il faudra noter que l’économie des producteurs est fragile compte tenu de la dernière saison d’oignons compromise par l’excès d’humidité constatée un peu partout à la campagne précédente.
A côté de la récolte du blé, qui est la principale céréale de l’Air, on observe dans les mêmes exploitations, comme à Emalawlé sur le Bagzam, la conduite de la récolte des semences et bulbes d’oignon, celle de l’ail et d’autres cultures irriguées.
Pour valoriser sa production, le Kel Tamashek a adopté et maintenu un moyen de plus efficace pour accéder aux marchés. Car le marché, « on va à sa conquête » nous ont ils confié.
Ce moyen intergenerationnel qui survit au temps, c’est la légendaire et envoutante caravane qui lie les communautés, qui articule les bonnes pratiques, qui véhicule les connaissances et qui renforce l’humanité et la cohésion sociale.
Dr Haboubacar Maman Manzo, Enseignant Chercheur à l’Université Boubakar Ba de Tillaberi en collaboration avec Salouhou Djibrilla, Data Ressource Person à la DDEN Tabelot.
Mai 2025