À la faveur de la COP16 qui s’ouvre demain à Ryad en Arabie Saoudite, en présence de représentants de 200 États membres de la Convention des Nations Unies sur la lutte contre la désertification (CNULCD), un rapport produit sous la direction du professeur Dr Johan Rockström de l’Institut de Potsdam pour la recherche sur l’impact climatique (PIK), en collaboration avec le CNULCD, met l’accent entre autres sur les pratiques agricoles non durables donc aggravant la désertification.
L’agriculture conventionnelle indexée
Selon ce rapport, « L’agriculture conventionnelle est le principal responsable de la dégradation des terres, contribuant à la déforestation, à l’érosion des sols et à la pollution. Les pratiques d’irrigation non durables épuisent les ressources en eau douce, tandis que l’utilisation excessive d’engrais à base d’azote et de phosphore déstabilise les écosystèmes ».
Les auteurs du rapport, ajoutent que « Les sols dégradés réduisent les rendements agricoles et la qualité nutritionnelle, impactant directement les moyens de subsistance des populations vulnérables. Parmi les effets secondaires figurent une dépendance accrue aux intrants chimiques et une conversion accrue des terres pour l’agriculture ».
Il est également expliqué que le Dust Bowl des années 1930 a résulté de changements à grande échelle dans l’utilisation des terres et d’une conservation inadéquate des sols.
Le rapport estime que « Aujourd’hui, les zones sensibles à la dégradation des terres proviennent de la production agricole intensive et de la forte demande en irrigation, notamment dans les régions arides comme l’Asie du Sud, le nord de la Chine, les Grandes Plaines des États-Unis, la Californie et la Méditerranée ».
« Pendant ce temps, disent les auteurs, le changement climatique – qui a déjà dépassé sa propre limite planétaire –accélère la dégradation des terres à travers des événements météorologiques extrêmes, des sécheresses prolongées et des inondations intensifiées. La fonte des glaciers de montagne et les cycles d’eau modifiés augmentent les vulnérabilités, particulièrement dans les régions arides. L’urbanisation rapide aggrave ces défis, contribuant à la destruction des habitats, à la pollution et à la perte de biodiversité ».
Les femmes et les enfants principales victimes
Le rapport souligne que « les impacts de la dégradation des terres touchent de manière disproportionnée les pays tropicaux et à faible revenu, à la fois parce qu’ils disposent de moins de résilience et parce que les impacts sont concentrés dans les régions tropicales et arides. Les femmes, les jeunes, les peuples autochtones et les communautés locales subissent également les conséquences les plus lourdes. Les femmes font face à une augmentation de la charge de travail et des risques pour la santé, tandis que les enfants souffrent de malnutrition et de reculs éducatifs ».
L’impact de la corruption
Le rapport indiqué également qu’une gouvernance faible et la corruption aggravent ces défis. « La corruption favorise la déforestation illégale et l’exploitation des ressources, perpétuant les cycles de dégradation et d’inégalités », estiment les auteurs.
La discrimination dans le domaine foncier
Le rapport met également en lumière l’initiative Prindex, qui souligne que « près d’un milliard de personnes n’ont pas de droits fonciers sécurisés, les taux les plus élevés se trouvant en Afrique du Nord (28 %), en Afrique subsaharienne (26 %), ainsi qu’en Asie du Sud et du Sud-Est. La crainte de perdre son logement ou sa terre compromet les efforts visant à promouvoir des pratiques durables ».
Les effets néfastes des subventions agricoles
Les auteurs de cet important rapport ont également expliqué que « Les subventions agricoles encouragent souvent des pratiques nocives, alimentant la surutilisation de l’eau et les déséquilibres biogéochimiques. Aligner ces subventions sur les objectifs de durabilité est crucial pour une gestion efficace des terres ».
Pour étayer cette affirmation, sur la base d’un rapport de la FAO, du PNUD et du PNUE, le rapport explique que de 2013 à 2018, plus de 500 milliards de dollars ont été dépensés en subventions agricoles dans 88 pays. De plus, près de 90 % de ces subventions ont soutenu des pratiques inefficaces et injustes qui ont nui à l’environnement, affirment les auteurs du rapport.
Des solutions à travers des actions transformatrices
Le rapport PIK et CNULCD préconise des actions transformatrices pour lutter contre la dégradation des terres. Les auteurs estiment que lesdites actions sont nécessaires « pour revenir à un espace opérationnel sûr dans les limites planétaires liées aux terres. Tout comme les limites planétaires sont interconnectées, les actions pour empêcher ou ralentir leur dépassement doivent l’être également ».
Le rapport exhorte également les États membres de la CNULCD à appliquer les principes d’équité et de justice pour « concevoir et mettre en œuvre des actions transformatrices afin d’arrêter la dégradation des terres, en veillant à ce que les avantages et les charges soient équitablement répartis ».
Les autres mesures préconisées sont, la réforme agricole, la protection des sols, la gestion des ressources en eau, les solutions numériques, les chaînes d’approvisionnement durables ou « vertes », la gouvernance foncière équitable ainsi que la protection et la restauration des forêts, des prairies, des savanes et des tourbières. Des mesures jugées cruciales pour stopper et inverser la dégradation des terres et des sols.
La promotion et la pratique d’une agriculture régénératrice définie principalement par ses résultats, à savoir l’amélioration de la santé des sols, le stockage du carbone et l’amélioration de la biodiversité, ainsi que l’agroécologie qui met l’accent sur une gestion holistique des terres, incluant l’intégration de la foresterie, des cultures et de la gestion du bétail, sont également des mesures que propose le rapport.
Les auteurs exhortent également les pays membres à s’engager dans « la régénération des bois, l’agriculture sans labour, la gestion des nutriments, l’amélioration du pâturage, la conservation et la collecte de l’eau, l’irrigation efficace, l’interculture, les engrais organiques, une meilleure utilisation du compost et du biochar », afin d’améliorer la teneur en carbone des sols et augmenter les rendements.
Cet important rapport sera probablement passé aux cribles par les différents experts et représentants des pays participants à la COP16, afin d’inverser la tendance et permettre une meilleure régénération des terres dégradées, et une lutte plus efficace contre la désertification.
Selon le site « Notre Planète Verte », l’agriculture durable est définie comme une approche de l’exploitation agricole qui vise à être respectueuse de l’environnement, économiquement viable et socialement équitable. Cette forme de cultures cherche à équilibrer les besoins de la production alimentaire avec la préservation des ressources naturelles et des écosystèmes, tout en améliorant la qualité de vie des agriculteurs, des communautés rurales et de la société dans son ensemble.
Garé Amadou, Source : Rapport PIK/CNULCD
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