Le Niger, pays sahelo-saharien a un climat caractérisé par la prédominance de la saison sèche sur la saison pluvieuse. Sur toute l’année, seuls 3 mois sont caractérisés par une pluviométrie qui permet aux paysans de cultiver les principales cultures vivrières que sont le mil, le sorgho, le maïs et le riz. En dehors de la saison des pluies, les zones maraîchères sont mises à contribution par la population pour procéder à des cultures dites de contre-saison. Des cultures qui permettent la production de fruits et légumes, mais qui subissent de plein fouet les effets du changement climatique.
Selon le journal Aïr-Infos basé à Agadez, dans la nuit du 30 novembre au 1er décembre 2024, le Mont Bagzam au cœur de l’Aïr, dans la région d’Agadez a été frappé par un phénomène peu habituel. Il s’agit de la chute de la neige sur cet espace propice aux cultures maraichères. Le village de Bagzam Amass, qui culmine à 1650 mètres d’altitude, a ainsi été victime de ce phénomène qui plonge les maraîchers dans une situation de détresse extreme. En effet, la culture de la pomme de terre qui est la spécialité de la région est aujourd’hui est aujourd’hui hypothéquée à cause du gel qui s’est abattu sur les plantations. Une situation d’autant plus catastrophique que ces maraichers sont parmi les principaux pourvoyeurs des marchés du pays en pommes de terres et autres productions.
Ce phénomène quoique inhabituel, est cependant loin d’etre surprenant au vu de la pluviométrie exceptionnelle qui s’est abattue sur la zone avec un cumul de pluies ayant atteint 528,75 mm à Emalawle-Bagzam. Une forte pluviométrie qui est une conséquence directe du dérèglement climatique, et qui est connue par certains habitants comme le signal d’un froid glacial au cours du dernier trimestre de l’année.
Selon l’étude « Variabilités climatiques et évolution de l’occupation des sols dans l’oasis de Timia, Région d’Agadez, Niger », réalisée en 2017 par les chercheurs Salifou KARIMOUNE, Ouma Kaltoum SIDI TANKO & Haoua ISSIAKA, de l’Université Abdoulmoumouni Dioffo de Niamey ( Niger), « La région d’Agadez qui occupe la partie nord du Niger, couvrant les 4/5 de la superficie du pays, est particulièrement sensible aux changements climatiques du fait d’un écosystème relativement fragile et d’un mode de vie des populations fondé sur l’agriculture oasienne irriguée et le pastoralisme transhumant ». Ils ajoutent que « A la faiblesse des précipitations, caractéristique permanente des climats arides, se sont surajoutées les conditions extrêmes induites par les changements climatiques. Le problème de l’eau, la forte évaporation, le froid, les inondations, sont autant de contraintes auxquelles fait face la commune rurale de Timia (Commune d’Iferouane, Région d’Agadez, prise pour exemple pour l’étude).
Avec cette pluie de neige tombée dans la zone, c’est toute une année de labeurs et d’espoirs de production qui est en passe de s’effondrer à cause de la tombée de la neige dans ces zones montagneuses de l’Aïr qui regorge de nombreux oasis fertiles.
Garé Amadou
Photo: Salouhou Djibrilla ( Aïr-Infos Agadez)