La violence sexuelle et sexiste prend de plus en plus de l’ampleur dans les établissements scolaires du Niger. Les Jeunes Leaders qui ont mené une enquête du 23 mai au 4 juin 2022 dans 7 établissements scolaires de Niamey et Maradi, à travers 750 questionnaires, en sont arrivés à ce résultat inquiétant. Un résultat qui interpelle la population nigérienne en général, et les autorités nationales en charge des questions de l’éducation afin que la loi soit révisée. C’est dans cette perspective que la campagne de lutte contre les violences sexistes et sexuelles a été lancée le 12 octobre dernier, suivie du lancement officiel du plaidoyer le jeudi 20 octobre dernier à l’hôtel Radisson Blu de Niamey. Une cérémonie qui vise à interpeller des décideurs politiques pour la révision de l’Arrêté portant canevas des règlements intérieurs des établissements du secondaire au Niger.
Le président de l’ONG Lafia Matassa, Dr Gado Sabo, a indiqué que « Depuis la conception, ces jeunes ont été mis au centre. Ils ont conçu toutes les activités à faire, ils les ont mené jusqu’à ce jour où ils sont très actifs sur les réseaux sociaux, dans ce domaine de plaidoyer. Et même à notre niveau, nous avons responsabilisé les jeunes, chacun selon sa capacité, que ce soit à Niamey ou à Maradi ».
Il a également souligné que cette campagne n’aurait pas été possible sans la collaboration des différents partenaires, dont l’État qui accorde une place de choix à la jeunesse comme l’atteste du reste le discours d’investiture du Président de la République Mohamed Bazoum. Gado Sabo a ajouté que « Cela a également été possible grâce à l’appui financier de partenaires tels que l’AFD, que je remercie ici à travers l’ambassade de France au Niger, la mairie de Paris également, la Fondation de France et d’autres ONG partenaires qui apportent l’appui technique, j’ai nommé Solthis et aussi Equipop et tout ceci, avec la collaboration de l’ONG Lafiyar Matassa pour permettre de faire en sorte que cette activité soit beaucoup plus pérenne ».
A propos des violences sexuelles et sexistes en milieu scolaire, Dr Gado Sabo a dit que « L’impunité doit disparaitre et j’espère que d’ici peu, on va modifier les règlements intérieurs pour qu’ils prennent en compte ces aspects. Déjà un certain nombre de résultats ont été obtenus au niveau régional, notamment à Maradi dans le cadre de la phase 1, où ce règlement a été modifié au niveau régional pour tenir compte de certaines réalités, notamment la consommation de certaines substances nocives à la santé par les jeunes, mais aussi l’utilisation des portables en milieu scolaire. J’ose espérer que les résultats engrangés par ce projet serviront toute la jeunesse nigérienne, pas seulement en milieux scolaire ».
Le Chef de Projet par intérim de JADES 2, Dr Balarabe Mahamadou a quand à lui expliqué que « Le projet JADES est dans sa phase 2. Il y’a une phase 1 qui a concerné le Niger et le Mali et au vu des résultats probants au Niger, nous avons obtenu cette phase 2 qui est en cours. Cette phase 2 a commencé en octobre 2019 et s’étendra jusqu’en fin janvier 2023 ». Il a ajouté que « l’objectif global de ce projet est de contribuer à la réduction de nouvelles infections à VIH et aux grossesses non désirées chez les adolescentes ». A terme, il s’agit de faire en sorte que les jeunes aient accès à leurs droits et de conditions de prise en charge pour une aide améliorée dans les zones ciblées, Niamey et Maradi.
Selon le chef du projet par interim, « Trois résultats sont attendus dans le cadre de la mise en œuvre de ce projet multi partenarial dont Solthis est cheffe de file, il y a également Lafiyar Matassa et Equipop, en plus des partenaires étatiques avec lesquels nous collaborons de façon très cordiale : Résultat 1, c’est l’empowement des jeunes, quand on voit cette salle, il y’a déjà de quoi être fier, c’est les jeunes qui ont le lead sur cette activité et l’ONG de mise en œuvre, c’est Lafiyar Matassa avec les jeunes, et en milieu communautaire. Résultat 2, c’est l’amélioration des conditions en matière de santé sexuelle et reproductive des adolescents et des jeunes, c’est Solthis qui met en œuvre cette activité. Nous travaillons au niveau de 9 structures de santé à Niamey et à Maradi. Résultat 3, c’est le volet plaidoyer conduit par ‘’ Equipop’’ ».
Quant à Dr Chamsiya Mahaman Sani Ali, représentante d’Equipop, elle a indiqué que sa structure a accompagné les jeunes leaders pour le plaidoyer à chaque étape du projet. « Nous avons renforcé leurs connaissances sur les violences sexistes et sexuelles. Nous les avons également accompagné sur la phase de collecte des données pendant la préparation de la campagne média et de plaidoyer » a-t-elle souligné.
Cette enquête réalisée après l’accord du comité d’éthique du ministère de la santé, a permis d’établir que « Plus d’un·e élève sur 5 déclare avoir été victime de violences sexistes et sexuelles (attouchements sexuels, baisers forcés, dénigrement, viols…) ; 83% des élèves victimes de VSS n’ont jamais parlé des violences subies, le plus souvent par peur, manque de confiance ou ne sachant pas vers qui se tourner ; Les auteurs cités sont majoritairement des élèves, mais aussi des professeur·e·s ou personnels des établissements ; et près d’un·e élève sur deux (45%) ne considère pas le viol (rapport sexuel forcé) comme une violence sexuelle ».
L’objectif des Jeunes Leaders est de permettre de mettre en lumière ce problème de société majeur et faire faire entendre leurs voix au niveau des autorités, d’où justement le lançement depuis le 12 octobre la campagne « #ZéroViolence, dans les médias et sur les réseaux sociaux ».
Les Jeunes Leaders demandent au Ministère de l’Education de revoir l’arrêté n° 0064 du 16 Mars 2020 déterminant le canevas de règlement intérieur des établissements scolaires du secondaire, afin de prévenir, protéger et prendre en charge les victimes et témoins de violences sexistes et sexuelles en milieu scolaire.
Garé Amadou