La lutte contre la désertification constitue un défi planétaire qui engage la population mondiale soucieuse de préserver l’espace vital de l’humanité. Et les femmes qui sont lésées à dans ce combat à cause des difficultés à avoir accès à la terre au même titre que les hommes, se battent tout de même pour apporter leur contribution dans le cadre de la restauration des terres dégradées et la lutte contre la desertification. Ce rapport intitulé « Solutions dirigées par des femmes pour la résilience face à la sécheresse » , appelle à aider les femmes à avoir accès à la terre et être propriétaires terriens, afin de mieux lutter contre la désertification et apporter encore plus leur contribution au développement économique et social de leurs communautés. Le rapport est publié par la Convention des Nations Unies sur la lutte contre la désertification (CNULCD) et l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), avec le soutien de l’Alliance internationale pour la résilience face à la sécheresse (IDRA), le gouvernement du Canada et la coopération allemande (GIZ).
Dans un communiqué publié ce 15 octobre annonçant la publication de ce rapport, le CNULCD explique que « Les femmes et les filles subissent non seulement des difficultés accrues, mais elles font également preuve d’un leadership remarquable face à la sécheresse ».
Ce rapport exhorte la communauté internationale à « une meilleure reconnaissance et à un soutien accru aux efforts menés par les femmes pour protéger les communautés vulnérables des effets dévastateurs de la sécheresse ».
Le rapport met également en exergue le fait que les droits fonciers des femmes sont essentiels à la sécurité alimentaire. Il explique que les femmes et les filles sont disproportionnellement touchées par la sécheresse en raison des inégalités structurelles persistantes qui limitent leur accès à des ressources essentielles telles que la terre, l’eau et les services financiers. Ces inégalités augmentent également leurs charges de travail. Dans de nombreuses zones touchées par la sécheresse, les femmes sont principalement responsables de la collecte de l’eau, parcourant souvent de longues distances au péril de leur santé et de leur sécurité. De plus, elles gèrent le travail de soin non rémunéré, comme s’occuper des enfants et des personnes âgées, ce qui complique leur capacité à faire face à la sécheresse et souligne la nécessité d’intégrer ces défis spécifiques dans les plans de gestion de la sécheresse.
Les principales conclusions du rapport
Après une étude de 35 cas repartis en Afrique, en Asie et en Amérique latine, le CNULCD est arrivé à plusieurs conclusions qui doivent servir de bases de discussions lors de la prochaine COP 16 qui se tiendra à Riyad en Arabie Seoudite du 2 au 13 decembre 2024. Parmi ces conclusions, le CNULCD met en exergue le fait que les femmes produisent jusqu’à 80 % des aliments dans les pays en développement, mais possèdent moins de 20 % des terres à l’échelle mondiale, ce qui constitue un grand paradoxe. Selon le CNULCD « cette disparité limite leur accès aux ressources telles que le crédit et la formation, ainsi que leur capacité à se préparer et à se remettre des sécheresses, exacerbant ainsi leur vulnérabilité au changement climatique ».
La seconde conclusion à laquelle est parvenue l’étude, est que les sécheresses représentent 15 % des pertes économiques liées aux catastrophes dans le monde et sont responsables de 85,8 % des décès de bétail. « Dans les régions agricoles pluviales, la sécheresse menace les moyens de subsistance des femmes, qui représentent une grande partie de la main-d’œuvre agricole » selon le CNULCD.
La dégradation des terres affecte également les femmes car selon le rapport, 40 % des terres mondiales sont dégradées, affectant plus de 3,2 milliards de personnes. Ce qui par voie de conséquence entraîne la sécheresse et pousse de nombreuses femmes à parcourir de plus longues distances pour accéder à l’eau potable et ramasser du bois de chauffage pour leur famille.
Le défi du droit foncier des femmes
La question du droit foncier des femmes comme opportunité de développement économique et social, constitue un des accents mis par les auteurs du rapport. Ainsi, selon le CNULCD, « des recherches montrent que garantir les droits fonciers des femmes améliore la nutrition des ménages, augmente les dépenses en matière d’éducation des enfants et renforce les conditions économiques globales ».
Les conclusions du rapport Solutions dirigées par des femmes pour la résilience face à la sécheresse alimenteront les discussions lors de la 16e Conférence des Parties (COP16) de la Convention des Nations Unies sur la lutte contre la désertification (CNULCD), qui se tiendra à Riyad, en Arabie saoudite, du 2 au 13 décembre 2024.
Quelques pratiques de conservation de l’eau et des techniques agricoles intelligentes face au climat, mis en exergue par le rapport et qui illustrent le rôle prépondérant joué par les femmes dans la recherche du progrès et le renforcement de la résilience face à la sécheresse.
Au Pérou
Les femmes pasteurs combinent des savoirs traditionnels et modernes pour gérer les ressources en eau grâce au suivi éco-hydrologique, garantissant une végétation tout au long de l’année pour soutenir le bétail et atténuer les crises de sécheresse.
En Inde
Des femmes ont développé des systèmes de collecte des eaux de pluie pendant les moussons, sécurisant ainsi l’eau pour les cultures en période de sécheresse et protégeant ainsi la production alimentaire.
Au Kirghizistan
Les femmes restaurent des terres dégradées en cultivant des plantes médicinales, créant à la fois une récupération environnementale et des sources de revenus durables.
Garé Amadou, Source : CNULCD, Photo: FAO/Giulio Napolitano