La situation des droits humains au Sahel est devenue depuis plusieurs années, un objet de préoccupation pour les structures internationales des droits humains. Les cas de violation de ces droits se multiplient depuis la prise de pouvoir par les militaires au Niger, au Mali et au Burkina Faso. Les défenseurs des Droits humains sont souvent les victimes de ces atteintes à leur droit, rendant ainsi l’espace vital beaucoup plus compliqué et dégradant. L’Observatoire pour la protection des défenseurs des droits humains (un partenariat de la FIDH et de l’OMCT) publie aujourd’hui un rapport mettant en lumière des tendances communes de répression dans ces 4 pays en se basant sur l’étude de plus de 61 cas concrets de violations des libertés fondamentales des défenseurs des droits humains dans ces pays.
Ledit rapport propose des recommandations destinées aux quatre États concernés et aux institutions régionales et internationales afin d’assurer la sécurité des défenseurs des droits humains, condition indispensable pour une société civile qui garantisse un climat favorable à l’expression démocratique.
Paris, Genève, le 20 février 2025. Le Burkina Faso, le Mali, le Niger et le Tchad ont connu ces dernières années d’importants bouleversements. L’accession de militaires au pouvoir et les périodes de « transition » qui ont suivi dans ces quatre pays se sont accompagnées d’une intensification de la répression des défenseur·es des droits humains, et d’une fermeture drastique de l’espace civique.
Le rapport publié aujourd’hui par l’Observatoire, intitulé « Espace civique et défenseur·es des droits humains au Sahel : convergence régionale des pratiques de répression » dévoile comment, au cours de ces dernières années, les régimes de ces quatre pays ont mis en place des techniques de répression similaires afin de réduire au silence toute voix dissidente. Utilisation généralisée des arrestations et détentions arbitraires, harcèlement judiciaire constant, enlèvements, séquestrations, disparitions forcées et actes de tortures sont des pratiques de plus en plus répandues dans la région. Le harcèlement et les menaces, y compris en ligne, sont également devenus des outils de répression à part entière.
« La documentation détaillée de 61 cas d’attaques à l’encontre des défenseur·es des droits humains et de l’espace civique au Sahel ces cinq dernières années met en évidence un constat sans appel : les autorités du Burkina Faso, du Mali, du Niger et du Tchad semblent s’enfoncer dans une spirale de répression sans fin. Pourtant, il faut qu’elle prenne fin. Ces quatre pays doivent restaurer l’État de droit et la démocratie, auxquels les peuples du Sahel sont attachés. C’est le combat des défenseur·es et nous leur devons toute notre solidarité » déclare Drissa Traore, Secrétaire général de la FIDH.
En plus des attaques directes contre les défenseur·es, les autorités des quatre pays restreignent les libertés fondamentales, en interdisant les manifestations et en réprimant violemment celles qui ont lieu, en dissolvant des associations ou encore en contrôlant, voire suspendant les médias. Ces multiples attaques sont en totale contradiction avec les obligations régionales et internationales que ces pays se sont pourtant engagés à respecter. Elles compromettent les espoirs d’une sortie de crise respectueuse des droits humains.
« Il est plus que temps que les autorités burkinabè, maliennes, nigériennes et tchadiennes se mettent en conformité avec leurs obligations internationales et cessent de réprimer la société civile. Nous appelons également la Commission africaine des droits de l’Homme et des peuples, les Nations unies et les partenaires internationaux de ces quatre pays à tout mettre en œuvre pour que les violations des droits et libertés fondamentales cessent. » déclare Gerald Staberock, Secrétaire Général de l’OMCT.
Pour rappel, pour le cas du Niger, plusieurs organisations de défense des droits humains, dont la FIDH et l’OMCT, dans le cadre de l’Observatoire pour la protection des défenseurs des droits humains, ont appelé à la libération immédiate de Moussa Tchangari, secrétaire général de l’association Alternative Espaces Citoyens (AEC), arrêté à son domicile le 3 décembre 2024, au lendemain de son retour d’un voyage de travail à l’extérieur du pays.
Lire le rapport complet en français et en anglais sur le site de la FIDH, en français et en anglais sur le site de l’OMCT.
Garé Amadou ( Source: FIDH)