Un Rapport de Référence publié en marge de la COP 16 à Riyad, révèle la nature systémique des risques liés aux catastrophes. Selon la Convention des Nations-Unies pour la lutte contre la désertification (CNULCD) qui a rendu publique un communiqué à cet effet, ledit rapport élaboré sous la forme d’un Atlas, souligne la nécessité de Plans Nationaux et d’une Coopération Internationale afin de faire face à ces fléaux qui se multiplient à travers le monde.
Le rapport lancé en marge de la COP 16 à Ryad en Arabie Saoudite par le CNULCD et le Centre Commun de Recherche (CCR) de la Commission européenne, et Co-produit avec la Fondation de Recherche CIMA (Italie), l’Université Libre d’Amsterdam (Pays-Bas) et l’Institut des Nations Unies pour l’Environnement, et la Sécurité Humaine (Allemagne), est le plus complet sur les risques liés aux sécheresses et les solutions possibles. Il constitue selon le communiqué rendu public à ce sujet, « un appel urgent à l’action pour les dirigeants et citoyens du monde entier ».
L’Atlas mondial des sécheresses décrit selon le communiqué, la nature systémique des risques de sécheresse pour des publics spécialisés et non spécialisés. « À travers des dizaines de cartes, d’infographies et d’études de cas, il montre comment les risques de sécheresse sont interconnectés dans des secteurs tels que l’énergie, l’agriculture, le transport fluvial et le commerce international, et comment ils peuvent déclencher des effets en cascade, exacerbant les inégalités et les conflits, tout en menaçant la santé publique » expliquent les auteurs.
Selon cet Atlas, « les sécheresses figurent parmi les catastrophes les plus coûteuses et meurtrières au monde et devraient affecter trois personnes sur quatre d’ici 2050. Cependant, de nombreux pays et secteurs échouent encore à se préparer adéquatement, faute d’actions, de politiques, d’investissements et d’incitations appropriés ».
« L’Atlas mondial des sécheresses invite les gouvernements, les dirigeants d’entreprises et les décideurs à tous les niveaux à repenser radicalement leurs décisions et leur gestion des risques liés à la sécheresse », a déclaré Ibrahim Thiaw, Secrétaire exécutif de la CNULCD. Ce dernier appelle toutes les nations, et en particulier les Parties à la CNULCD, « à prendre au sérieux les conclusions de l’Atlas. Lors de la COP16 de la CNULCD, les Parties pourraient changer le cours de l’histoire vers une résilience face à la sécheresse. Saisissons cette occasion avec la conviction que l’Atlas offre une voie vers un avenir plus résilient pour tous. »
L’Atlas met en exergue « la nécessité de plans nationaux de gestion des sécheresses et d’une coopération internationale pour maintenir les communautés, les économies et les écosystèmes à flot face à des événements plus sévères. Il offre également des orientations pour une gestion proactive et prospective des sécheresses, avec des solutions adaptées à divers secteurs et niveaux de gouvernance ».
Selon le communiqué, « Les impacts des sécheresses sont généralement moins visibles et attirent moins l’attention que les événements soudains tels que les inondations ou les tremblements de terre. Cela est particulièrement vrai pour les effets sur les écosystèmes, souvent négligés dans les plans nationaux de sécheresse, malgré leurs impacts dévastateurs sur les économies et les communautés ». « Cependant, disent les auteurs de cet Atlas, les sécheresses à déclenchement rapide, connues sous le nom de « sécheresses éclair », les sécheresses plus intenses — ainsi que leurs impacts plus apparents — deviennent également monnaie courante ».
L’Atlas mondial des sécheresses affirme sans ambages que l’aggravation des risques de sécheresse est liée aux activités humaines. Il explore les impacts de la sécheresse dans cinq domaines clés à savoir, l’approvisionnement en eau, l’agriculture, l’hydroélectricité, la navigation intérieure et les écosystèmes. En termes clairs, ils expliquent que « Les sécheresses peuvent réduire la production hydroélectrique, entraînant une hausse des prix de l’énergie ou des coupures de courant, et perturber le commerce international en raison de faibles niveaux d’eau qui entravent le transport fluvial, comme cela a été observé avec le canal de Panama ».
Sur le plan environnemental, une plus grande biodiversité peut atténuer leurs impacts, selon toujours le rapport. D’où la necessité de promouvoir la biodiversité pour renforcer la résilience face à la sécheresse et vice versa.
L’Atlas met également l’accent sur le nexus alimentation-terre-eau avec la menace qui pèse sur l’agriculture qui exploite 70 % de l’utilisation mondiale d’eau douce, et qui est également gravement affectée par les sécheresses.
« La publication examine comment les produits agricoles qui arrivent dans nos assiettes via les chaînes d’approvisionnement mondiales peuvent aggraver les effets des sécheresses et créer des tensions hydriques dans les pays où ils sont produits à travers les transferts d’eau virtuelle. Les petits agriculteurs et les groupes marginalisés sont particulièrement vulnérables en raison des disparités dans l’accès à l’eau et aux ressources nécessaires pour renforcer leur résilience face à la sécheresse » ajouté le communiqué.
L’Atlas met également en exergue, le fait que les risques de sécheresse sont interconnectés et pourquoi leurs effets s’étendent à plusieurs secteurs. Selon les auteurs, « les pays qui dépendent de l’hydroélectricité pour leur électricité, par exemple, peuvent subir des coupures de courant pendant les sécheresses. Si cela se produit lors d’une vague de chaleur, cela peut entraîner des hospitalisations et des décès, car les gens ne peuvent pas utiliser de ventilateurs ou de climatiseurs pour rafraîchir leurs habitations ».
Un Atlas assez édifiant qui démontre si besoin est les menaces qui pèsent sur la terre en terme de désertification et ses facteurs aggravant. Les assises de Riyad permettront peut-être de prendre des engagements fermes concernant les mesures salutaires préconisées par les auteurs de ce rapport qui est en soi historique et révolutionnaire.
Garé Amadou
Photo: Reporterre