La COP 16 s’ouvre dans quelque jours en terre saoudienne en présence d’experts des questions sur la lutte contre la désertification. Une conférence qui revet une importance capitale pour des pays comme le Niger dont une bonne partie du territoire est desertique. Quels sont les enjeux de la COP16 à Riyadh pour les pays africains qui luttent contre la désertification et qui œuvrent pour la restauration des terres dégradées ? Telle est la question que nous avons posé à Dr ABDOU GADO Fanna, Enseignant-chercheur à la Faculté d’Agronomie de l’Université Abdou Moumouni de Niamey au Niger.
La seizième session de la Conférence des Parties (COP16) de la Convention des Nations Unies sur la Lutte contre la Désertification (CNULCD) se tiendra du 02 au 13 décembre 2024 à Riyadh, en Arabie Saoudite. Selon Dr Abdou GADO Fanna, lors de cette COP16 de la CNULCD, les États devraient décider des actions collectives pour : accélérer la remise en état des terres dégradées d’ici 2030 ; renforcer la préparation, la réaction et la résilience face à la sécheresse ; Veiller à ce que les terres continuent d’apporter des solutions en matière de climat et de biodiversité ; renforcer la résilience face à la recrudescence de tempêtes de sable et de poussière ; développer la production alimentaire en respect avec la nature ; renforcer les droits fonciers des femmes pour faire progresser la restauration des terres ; et promouvoir l’engagement de la jeunesse, y compris en matière d’emplois jeunes décents basés sur la terre.
« Cependant, dit-elle, les États africains doivent à la COP16 de Riyadh 2024 conjugués leurs efforts pour une meilleure lutte contre la désertification. En effet, définie comme étant l’avancée du désert sous l’action de l’Homme, la désertification est un mal planétaire. En effet, ce problème de formation de déserts menace les moyens d’existence des populations. Les pays touchés par la désertification présentent des risques élevé ou très élevé touchant un sixième de la population mondiale dans les régions arides et semi arides. Ce qui indique que la désertification s’accélère ».
Dr Abdou GADO Fanna a souligné que « il faut que les pays africains mettent plus de moyens dans la recherche pour apporter davantage de chiffres et de solutions afin de freiner la dégradation croissante des terres arables car, depuis quelques années, ce phénomène ne fait que prendre de l’ampleur et touche beaucoup de pays africains ».
Elle a expliqué que « Les causes de la désertification sont entre autres le changement climatique, les facteurs naturelles notamment l’eau causant l’érosion hydrique et le vent qui cause l’érosion éolienne, les sources anthropiques. Il faut noter aussi que dans nos pays africains les sources d’énergie c’est le bois et nous n’avons des extensions d’arbres. Cette coupe de bois aujourd’hui constitue une véritable source anthropique dans l’avancée de la désertification ».
Pour expliquer la grande opportunité qui s’offrent aux pays africains qui font face à l’avancée du désert lors de cette conférence, l’enseignant-chercheur les met devant leurs responsabilités historiques en ces termes : « A la COP16 les pays africains qui luttent contre la désertification et qui œuvrent pour la restauration des terres dégradées doivent donc, tout d’abord identifier leurs priorités, ensuite identifier les acteurs, enfin, mettre les moyens financiers pour arrêter la désertification ».
Pour apporter sa contribution aux reflexions qui auront lieu lors de la conférence, Dr Abdou GADO Fanna propose plusieurs axes à savoir : Définir et mettre en œuvre des stratégies adéquates, inclusives et opérationnelles ; Identifier les terres dégradées et les restaurer quand cela est possible ; Sensibiliser la population au problème et promouvoir un changement de mentalité quant à la prise de conscience du problème ; Renforcer les capacités des acteurs ; Allouer des ressources financières à la recherche et appliquer les connaissances issues de ces recherches ; Permettre la vulgarisation des résultats donc un financement au niveau des producteurs, de la recherche et la formation des cadres d’où une approche participative et intégrée ; Accroître les interventions des acteurs (et leur renforcement de capacité) œuvrant dans la gestion durable des terres ; Améliorer la fertilité des sols à travers des pratiques agroécologiques et l’utilisation intégrée des sols ; et Changer les pratiques culturales en ce qui concerne l’irrigation.
A la lumière de ces enjeux pour les pays africains en général et le Niger en particulier, elle estime que « c’est au niveau de la recherche (innovante) et l’application des solutions issues de cette recherche qu’ils doivent axer leurs efforts, par exemple, la RNA, pour favoriser la biomasse ligneuse ; les sols ne sont pas riches d’où des efforts pour améliorer la fertilité des sols ; la sensibilisation de la population pour par exemple changer la perception de la gratuité des ressources naturelles (ceci doit changer parce qu’il n’y a plus de bois gratuit) ; la plantation d’arbres ».
« En somme, dit-elle, les efforts consacrés à la lutte contre la désertification pour les pays africains doivent s’inscrire dans un vaste programme promouvant le progrès économique et social pour arrêter dans la mesure du possible la désertification ».
Selon Dr Abdou GADO Fanna, « les pays africains doivent donc unir leurs forces et : identifier les sources véritables du problème; dégager les solutions adéquates; appliquer de manière efficiente les mesures qui seront préconisées ».
Cette réflexion de Dr Abdou GADO Fanna, prouve si besoin est, l’importance de cette conférence planétaire sur la désertification pour les pays africains qui font face au phénomène. Les experts qui seront présents doivent impérativement faire entendre la voix du continent en expliquant clairement les attentes dans le domaine, surtout concernant le financement de la lutte et le respect des promesses et engagements pris lors des précédents sommets.
Garé Amadou