Le Niger, pays sahélien d’une superficie de 1.267. 000 km2, est constitué à plus de 80% de zones désertiques ( estimation de la Banque africaine de développement). Un espace qui ne cesse de s’accroître d’année en année à cause de plusieurs facteurs dont entre autres des causes naturelles à savoir, les mauvaises conditions des sols, de la végétation et de la topographie ; l’extrême variabilité climatique ; la pénurie d’eau ; l’érosion des sols ; et l’épuisement des eaux souterraines. Les causes humaines à savoir la déforestation due à l’abattage des arbres, et les pratiques intensives de l’agriculture traditionnelle et ancestrales contribuent à détruire la végétation et favoriser la création naturelle des espaces désertiques. Pour lutter contre cette lente descente aux enfers, les autorités nigériennes ont mis en place un ambitieux programme nationale destiné à inverser la dramatique tendance et favoriser une reforestation du pays.
Le Programme d’action national de lutte contre la désertification et de gestion des ressources naturelles (PAN-LCD/GRN) est un document multisectoriel du Niger a portée nationale . Il constitue un des six sous-programmes prioritaires du Programme National de l’ Environnement pour un Développement Durable du Niger (PNEDD). Ses enjeux principaux sont l’amélioration et la pérennisation du capital productif (sol, eau, etc) d’une part, et celui du cadre de vie d’autre part.
Pour atteindre ces objectifs généraux, le PAN/LCD-GRN se fixe pour objectifs spécifiques d’analyser et suivre les facteurs qui contribuent à la sécheresse et à la désertification ; de promouvoir une gestion durable des ressources naturelles des terroirs (organiser, former et faire participer les populations à la gestion durable des ressources naturelles) ; d’améliorer la production et les conditions de vie des communautés rurales à travers notamment l’adoption des itinéraires techniques plus appropriés; et d’assurer un financement adéquat des activités prévues dans les différents sous-programmes.
Selon Moussa Adamou, un expert national en questions de lutte contre la désertification, « Les modes d’exploitation actuels des ressources naturelles ont favorisé la dégradation du milieu. Pour y faire face, le Niger se donne une stratégie nationale dont les principes fondamentaux prennent en compte d’une part le contexte national, mais également d’autres parts de la lettre et de l’esprit de la Convention des Nations Unies sur la Lutte contre la Désertification ».
Il explique que « la stratégie nationale en matière de lutte contre la désertification et de gestion des ressources naturelles repose sur un certain nombre de principes fondamentaux dont les plus importants sont : Une approche globale et intégrée; Une cohérence des interventions et une cohésion entre les acteurs ; Une intervention suivant l’ « approche Gestion de Terroirs » ; Une implication et une participation active des populations, en particulier les femmes et les jeunes, à travers des structures décentralisées efficaces; Un partenariat renforcé entre acteurs; Une prise en compte des acquis; Une vision à long terme; et une répartition harmonieuse des actions ».
L’expert souligne que 3 Axes stratégiques, répartis en domaines prioritaires d’intervention en relation avec les facteurs de la désertification et de la sécheresse, sont pris en compte dans le cadre de ce programme. Il s’agit pour le premier axe, de la gestion des ressources naturelles (lutte contre la dégradation des terres liée aux activités humaines que sont principalement l’agriculture et l’élevage; la gestion durable des ressources végétales et fauniques à travers notamment l’organisation et la participation active des populations; la valorisation des ressources hydriques en vue d’une promotion des activités halieutiques; et la promotion d’une exploitation minière et industrielle qui soit respectueuse de l’environnement en minimisant les risques de dégradation des terres, de pollution, et qui contribue à la sécurité énergétique du pays). Le second axe est celui du suivi des aléas climatiques et des contraintes liées à la gestion des ressources naturelles (analyse et suivie des facteurs qui contribuent à la sécheresse et à la désertification; suivie de la dynamique des populations en rapport avec l’occupation de l’habitat; renforcement des capacités des acteurs locaux dans la lutte contre la désertification et la gestion des ressources naturelles à travers la promotion des savoir-faire locaux et la viabilisation des structures éducatives et de formation/information existantes; mise en place d’un système adéquat de suivi et de prévention des catastrophes et, de disposer d’un mécanisme d’atténuation des effets de ces dernières). Quant au troisième axe, il concerne l’appui à la Lutte contre la désertification et la Gestion des ressources naturelles, LCD/GRN (qui se développe à travers 5 sous-programmes prioritaires (en matière de gestion durable des ressources naturelles; en matière de lutte contre les effets des aléas climatiques et contraintes environnementales).
Pour lui permettre d’avoir plus d’efficience et d’efficacité, Moussa Adamou nous explique que « le PAN/LCD-GRN est décliné en programmes d’action régionaux, sous-régionaux et locaux. Ces derniers sont élaborés et adoptés suivant une approche participative et itérative. Ces programmes sont régulièrement évalués et au besoin, réadaptés ».
À cet ambitieux programme national est venu s’ajouter le très important projet continental de la Grande muraille verte qui doit traverser 11 pays de Dakar à Djibouti en créant un espace vert et productif sur tout son tracé.
En outre, le 3 août de chaque année, à l’occasion de la célébration de la fête de l’indépendance, des millions d’arbres sont plantées pour permettre de reboiser la nature et aider ainsi à lutter contre la désertification.
Garé Amadou
Photo: Site de la Banque Mondiale par Mirko Serkovic, Natural Resource Management Specialist in the Environment, Natural Resources and Blue Economy Global Practice